N’ayant pas grand-chose comme photos à partager, j’ai pensé vous faire un petit retour d’expérience sur la croissance de certains palmiers qui, à mon sens, méritent d’être davantage cultivés en France métropolitaine.
Ces observations seront peut-être utiles à ceux qui envisagent de tenter ces espèces dans leur jardin.
Pour commencer,
Archontophoenix cunninghamiana :
J’ai planté 3 petits spécimens de tailles identiques lors de la saison 2017 à différents endroits du jardin :
- Le 1er spécimen à été planté dans un spot ensoleillé du matin au milieu d’après-midi, puis ombragé en fin d’après midi.
Humidité : plutôt aride comme coin, il est rarement arrosé.
- Le 2ème a été planté en coin particulièrement ombragé : il n’est en plein soleil qu’en début de matinée, dès que le soleil s’élève le bâti lui fait de l’ombre.
Humidité : Il bénéficie de l’eau destinée au gazon qui coule vers lui (il est en fond de pente) et de l’humidité rémanente que conserve le béton par capillarité. L’ombre importante réduit également le dessèchement du sol.
- le 3ème a été planté dans un coin plein soleil, profondément (collet à 15-20cm en dessous de la surface).
Humidité : parce qu’il est le seul palmier dans ce coin du jardin, il bénéficie d’un tuyau d’arrosage qui lui est quasi-exclusif. Lorsque c’est moi qui arrose (j’ai quitté le domicile familial il y a quelques années), il est copieusement inondé.
(le PVC, c’était pour protéger le palmier de nos chatons qui s’amusaient à se faire les griffes sur le manchon foliaire)
Les voici aujourd’hui :
Observations sur leur croissance :
Le nº3 est celui dont la croissance est la plus importante, et de loin.
Le nº2 pousse pas mal lui aussi, avec un distance interannulaire respectable, mais sa croissance est nettement moins vigoureuse que pour le nº3.
Le nº1 est un peu en galère niveau humidité du sol, ce qui expliquerait qu'il soit le plus faiblard des trois, et que ses palmes aient tendance à cramer.
Interprétations au bout de 5 ans de croissance :
- Les Archontos poussent très bien en sol pauvre
¹ et très drainant, à l’ombre comme en plein soleil, à condition d’avoir accès à une humidité permanente. À l’ombre, le palmier sera plus fin avec une distance interannulaire importante.
- Si toutes les conditions sont réunies, c’est un palmier à la croissance très rapide, encore plus rapide que Syagrus romanzoffiana.
- Conformément à ce que j’avais pu lire, il apprécie d’être planté profondément, et à moins d’être exposé à des températures vraiment limite, il ne craint pas d’être noyé (je l’ai vu planté dans un grand jardin
le pied SOUS l’eau toute l’année, minimales autour de -2ºC).
- Nos étés n’étant pas très chauds (les maximales dépassent rarement 30ºC), il semblerait que ce palmier soit caloriquement beaucoup moins exigeant que d’autres espèces (telles que B. nobilis ou B. armata). Toutefois, la croissance en automne et au printemps n’est pas bien importante, contrairement à des espèces telles que W. robusta dont la croissance est quasi-constante, même par temps frais.
Conclusion :
C’est un palmier qui mérite d’être davantage tenté en France métropolitaine, même là où le climat est gélif.
À mon sens, les fous de palmier qui vivent en climat limite mais qui ont les moyens d’installer un système de protection hivernale à base de cordon chauffant
² ou préférablement via raccordement à un système de chauffage central
³ ne devraient pas hésiter.
Enterré, et du fait de la chaleur importante, un tel système permettra de maintenir un sol chaud et éviter les pourrissements du cœur causés par une asphyxie des racines.
Aussi farfelue que puisse être cette idée, je ne pense pas que la mise en place d'un système pareil soit beaucoup plus coûteuse que l'acquisition de rares hybrides, ou l'installation d'une serre, ou encore la réalisation régulière de traitement anti-ravageurs, alors pourquoi s’interdire de se faire plaisir?
Quant à ceux dont le climat est trop froid pour envisager cette solution, reste l’option de la culture en pot.
Car c’est un palmier qui:
- est facile de culture en intérieur (ne craint pas l’air sec ni le substrat constamment humide),
- ne prend pas trop de place car pousse lentement sous les 25ºC,
- tolère sans problème de rester à l’ombre
- ne brise pas le cœur en cas de décès (car facilement remplaçable).
Par ailleurs, pour ceux qui voudraient le tenter en pleine terre, c’est un palmier à la croissance rapide, donc satisfaisante même à court terme (vague de froid exceptionnelle, toussa toussa).
En tous cas si jamais mon plus grand spécimen vient à fleurir et produire des graines viables, je serai ravi de fournir gratuitement
⁴ des graines aux métropolitains qui veulent tenter l’expérience
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¹ mon sol = sable fin ultra pauvre en tout sauf en fer
² enterré ou non. Si le climat n’est pas trop froid, un cordon enterré pourra peut-être suffire, et si disposé soigneusement, apportera une solution élégante, simple et viable à long terme (pas besoin de grimper pour l’installer)
³ nettement plus rentable, durable et efficace ; on peut imaginer faire courir sous terre un tuyau en multicouche isolé jusqu’au palmier, puis former un radiateur en spirale autour de la masse racinaire avec du tuyau en cuivre, puis retour en multicouche isolé.
⁴ frais de port en sus