cyathea dregei
cyathea dregei
Bonjour à vous tous, j'accueille depuis plusieurs mois deux jeunes plants de cyathea dregei qui pour l'instant sont dans la couveuse (entendez par la , le terrarium où grandissent les jeunes plants de tropicales). On donne à ce cyathea une grande rusticité de l'ordre de - 10/12°C. Qu'en est il vraiment ? Certains d'entre vous auraient ils testé ce cyathea en extérieur ?
Merci par avance pour vos réponses
Stéphane
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- Domi
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J'avais testé cette fougère il y a 6 ou 7 ans, je l'avais faite venir du Palm Center à l'époque. Après une pousse correcte en pot, j'ai voulu la planter en pleine terre, c'était en Mai je crois. Je l'avais placé à mi-ombre, derrière un arbuste pour éviter le soleil brûlant. Il a suffit 3 jours plus tard d'un chaud vend d'Autan pour me la griller totalement (je n'étais pas sur place!).
Fin de la courte histoire de cyathea dregei .
Je n'ai pas retenté depuis, mais je la regrette beaucoup !!
Donc je n'ai même pas eu le temps d'avoir du recul !
A+,
Domi.
Fin de la courte histoire de cyathea dregei .
Je n'ai pas retenté depuis, mais je la regrette beaucoup !!
Donc je n'ai même pas eu le temps d'avoir du recul !
A+,
Domi.
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Hello,
Oui ce sera sans doute un peu rustique mais pas au point de D.antartica ou C. australis et certainement pas les -12°C annoncés...du moins tel que je le conçois avec mon climat belge. Un -10°C une nuit dans le sud de la France, pourquoi pas...mais j'ai eu écho de jeunes plantes mortes avec du -5/-6 une à 2 nuits et 0°C en journée. Maintenant, on trouvera sans doute des ecotypes plus rustiques que d'autres...qui sait?
a+
Fred
Oui ce sera sans doute un peu rustique mais pas au point de D.antartica ou C. australis et certainement pas les -12°C annoncés...du moins tel que je le conçois avec mon climat belge. Un -10°C une nuit dans le sud de la France, pourquoi pas...mais j'ai eu écho de jeunes plantes mortes avec du -5/-6 une à 2 nuits et 0°C en journée. Maintenant, on trouvera sans doute des ecotypes plus rustiques que d'autres...qui sait?
a+
Fred
La Cyathea dregei est une plante incroyable, un véritable ovni parmi les fougères arborescentes.
Alors pour être plutôt familier avec cette plante, je n'hésiterais pas à contredire Fred C., qui je crois commet quelques erreurs classiques concernant les fougères arborescentes.
Tout comme la Dicksonia antarctica, c'est une espèce disposant d'une aire de répartition immense, et la résistance au froid des cultivars glanés à Madagascar ne peut évidemment être la même que celle des pieds Sud Africains. Si par malheur, la souche génétique de votre Cyathea dregei provient des contrées les plus au nord, sa rusticité risque en effet d'être faible. Les grands pieds de Dicksonia vendus dans le commerce ont exactement le même problème. La plupart du temps, ils sont collectés dans la nature dans des régions non gélives (par exemple Queensland) et ont donc beaucoup de mal à s'adapter à nos climats. Au sein de la même espèce, certains pieds risquent de mourir dès 3/5°C, tandis que d'autres, sevrés au froid depuis des millénaires d'adaptation, se porteront comme un charme même avec une chape d'un mètre de neige sur les frondes.
Mais revenons au Cyathea dregei.
La première chose à faire , c'est d'être sûr de l'origine du pied que vous aurez décidé d'acquérir. Certaines pépinières préfèrent des plantes malgaches (la plupart du temps sans le savoir), parce qu'elles poussent plus vite. Sauf que ces pauvres plantules auront toutes les difficultés du monde à supporter les hivers européens... quoique, avec beaucoup d'efforts...
La Cyathea dregei pousse certes en Afrique, mais il faut voir où. Je me souviens par exemple d'avoir fait pas mal de Treks dans le Drakensberg, à la frontière du Lesotho. Alors imaginez... vous êtes à 2500 mètres d'altitude... la limite des arbres est quelques centaines de mètres plus bas. Autour de vous, juste des herbes rases et sèches, des plaques de neige et de glace, de la rocaille, et des nuits où le thermomètre flirte avec les -15°c (nous étions en hiver). La seule plante qui émerge de ce paysage de haute montagne, c'est la Cyathea dregei. C'est la seule plante vivace et ligneuse sur des kilomètres à la ronde, la seule qui puisse supporter ce climat infernal.
Outre le gel quotidien (qui dure généralement 4 mois par an), elles sont exposées en plein soleil, font le plein d'UV, et dans des conditions plutôt arides la moitié de l'année. Et elles survivent. Mieux que survivre, c'est même un de leurs habitats naturels. Certes, elles n'ont pas toujours très belle allure, car les frondes des années passées viennent former un manchon brunâtre autour du tronc (c'est un système naturel pour le protéger des agressions). Sauf que malgré leur air de perpétuelle fausse mourante, certains pieds dépassent le siècle de longévité, et finissent ainsi par flirter avec les 4/5 mètres de hauteur.
Alors si vous avez la chance de dégoter un pied issu de cette région (le jardin botanique de Pietermaritzburg en propose), oui, votre Cyathea dregei sera virtuellement increvable au gel, mais de croissance très lente lorsqu'il est jeune, le temps que le pied se sèvre aux conditions climatiques autour de lui. Ce processus d'adaptation peut prendre entre 5 et 20 ans, au long duquel il ne dépassera pas 20 centimètres (c'est donc normal, il faut être patient). Et puis soudainement, il grandit, et en dix ans supplémentaires, il arrive à la hauteur d'un homme. A ce moment là , sa croissance ralentit de nouveau. Ce cycle est d'ailleurs typique des Cyathea, il est juste un peu plus extrême en ce qui concerne les dregei.
Une autre particularité du Cyathea dregei, c'est qu'elle demande du soleil. Et même du soleil violent. Si elle n'a pas sa dose d'irradiation quotidienne, non seulement elle grandit plus lentement, mais sa résistance au gel est plus faible. C'est paradoxal, mais cela peut s'expliquer au niveau biochimique, les molécules anti-gel n'étant synthétisées que lorsque la plante "imagine" qu'elle est en altitude (=qu'elle se fait bombarder d'UV).
Pour avoir un bon pied de Cyathea dregei, il faut parvenir à manoeuvrer entre tous ces paradoxes. En théorie, si on se fie uniquement aux températures, sa rusticité serait plus que suffisante en Ecosse, et même dans certains coins du sud de la Scandinavie. Sauf que dans de telles régions, il n'a pas assez de soleil, donc ça ne convient pas.
Son climat idéal, c'est le climat tropical/méditerranéen d'altitude. J'en teste d'ailleurs quelques uns dans les Cévennes, à 700 mètres d'altitude, et ça marche sans problème... depuis plus de 10 ans (les plantules ont émergé en 1995, j'avais récolté des spores sur place).
Un collègue allemand en expérimente aussi un à Berlin (ce qui est déjà plus osé)... Et ça a l'air de marcher. Mais attention, je dirais que c'est parce que le climat berlinois est sec. La Cyathea dregei étant un ovni parmi les fougères, elle n'aime pas trop d'humidité, surtout en hiver (régime sec si possible). En période de croissance (printemps-été), mieux vaut quand même pouvoir l'arroser assez souvent (dans la nature, elle se prend alors un orage presque tous les soirs durant 5/6 mois d'affilée, même si l'humidité durant la journée est très basse). Et elle supporte sans problème un peu de calcaire (sans excès: -éviter les surplus d'arrosages si votre eau est très dure-). Il ne faut pas lui donner trop de nutriments non plus (c'est une plante de terrains très pauvres), une orgie de nitrates lui brûle les racines.
Donc en ce qui concerne la France, je dirais qu'en Ile de France ou en Limagne, cette plante devrait fonctionner, mais qu'en Bretagne, ce serait un désastre total.
N'est-ce pas paradoxal?
Alors pour être plutôt familier avec cette plante, je n'hésiterais pas à contredire Fred C., qui je crois commet quelques erreurs classiques concernant les fougères arborescentes.
Tout comme la Dicksonia antarctica, c'est une espèce disposant d'une aire de répartition immense, et la résistance au froid des cultivars glanés à Madagascar ne peut évidemment être la même que celle des pieds Sud Africains. Si par malheur, la souche génétique de votre Cyathea dregei provient des contrées les plus au nord, sa rusticité risque en effet d'être faible. Les grands pieds de Dicksonia vendus dans le commerce ont exactement le même problème. La plupart du temps, ils sont collectés dans la nature dans des régions non gélives (par exemple Queensland) et ont donc beaucoup de mal à s'adapter à nos climats. Au sein de la même espèce, certains pieds risquent de mourir dès 3/5°C, tandis que d'autres, sevrés au froid depuis des millénaires d'adaptation, se porteront comme un charme même avec une chape d'un mètre de neige sur les frondes.
Mais revenons au Cyathea dregei.
La première chose à faire , c'est d'être sûr de l'origine du pied que vous aurez décidé d'acquérir. Certaines pépinières préfèrent des plantes malgaches (la plupart du temps sans le savoir), parce qu'elles poussent plus vite. Sauf que ces pauvres plantules auront toutes les difficultés du monde à supporter les hivers européens... quoique, avec beaucoup d'efforts...
La Cyathea dregei pousse certes en Afrique, mais il faut voir où. Je me souviens par exemple d'avoir fait pas mal de Treks dans le Drakensberg, à la frontière du Lesotho. Alors imaginez... vous êtes à 2500 mètres d'altitude... la limite des arbres est quelques centaines de mètres plus bas. Autour de vous, juste des herbes rases et sèches, des plaques de neige et de glace, de la rocaille, et des nuits où le thermomètre flirte avec les -15°c (nous étions en hiver). La seule plante qui émerge de ce paysage de haute montagne, c'est la Cyathea dregei. C'est la seule plante vivace et ligneuse sur des kilomètres à la ronde, la seule qui puisse supporter ce climat infernal.
Outre le gel quotidien (qui dure généralement 4 mois par an), elles sont exposées en plein soleil, font le plein d'UV, et dans des conditions plutôt arides la moitié de l'année. Et elles survivent. Mieux que survivre, c'est même un de leurs habitats naturels. Certes, elles n'ont pas toujours très belle allure, car les frondes des années passées viennent former un manchon brunâtre autour du tronc (c'est un système naturel pour le protéger des agressions). Sauf que malgré leur air de perpétuelle fausse mourante, certains pieds dépassent le siècle de longévité, et finissent ainsi par flirter avec les 4/5 mètres de hauteur.
Alors si vous avez la chance de dégoter un pied issu de cette région (le jardin botanique de Pietermaritzburg en propose), oui, votre Cyathea dregei sera virtuellement increvable au gel, mais de croissance très lente lorsqu'il est jeune, le temps que le pied se sèvre aux conditions climatiques autour de lui. Ce processus d'adaptation peut prendre entre 5 et 20 ans, au long duquel il ne dépassera pas 20 centimètres (c'est donc normal, il faut être patient). Et puis soudainement, il grandit, et en dix ans supplémentaires, il arrive à la hauteur d'un homme. A ce moment là , sa croissance ralentit de nouveau. Ce cycle est d'ailleurs typique des Cyathea, il est juste un peu plus extrême en ce qui concerne les dregei.
Une autre particularité du Cyathea dregei, c'est qu'elle demande du soleil. Et même du soleil violent. Si elle n'a pas sa dose d'irradiation quotidienne, non seulement elle grandit plus lentement, mais sa résistance au gel est plus faible. C'est paradoxal, mais cela peut s'expliquer au niveau biochimique, les molécules anti-gel n'étant synthétisées que lorsque la plante "imagine" qu'elle est en altitude (=qu'elle se fait bombarder d'UV).
Pour avoir un bon pied de Cyathea dregei, il faut parvenir à manoeuvrer entre tous ces paradoxes. En théorie, si on se fie uniquement aux températures, sa rusticité serait plus que suffisante en Ecosse, et même dans certains coins du sud de la Scandinavie. Sauf que dans de telles régions, il n'a pas assez de soleil, donc ça ne convient pas.
Son climat idéal, c'est le climat tropical/méditerranéen d'altitude. J'en teste d'ailleurs quelques uns dans les Cévennes, à 700 mètres d'altitude, et ça marche sans problème... depuis plus de 10 ans (les plantules ont émergé en 1995, j'avais récolté des spores sur place).
Un collègue allemand en expérimente aussi un à Berlin (ce qui est déjà plus osé)... Et ça a l'air de marcher. Mais attention, je dirais que c'est parce que le climat berlinois est sec. La Cyathea dregei étant un ovni parmi les fougères, elle n'aime pas trop d'humidité, surtout en hiver (régime sec si possible). En période de croissance (printemps-été), mieux vaut quand même pouvoir l'arroser assez souvent (dans la nature, elle se prend alors un orage presque tous les soirs durant 5/6 mois d'affilée, même si l'humidité durant la journée est très basse). Et elle supporte sans problème un peu de calcaire (sans excès: -éviter les surplus d'arrosages si votre eau est très dure-). Il ne faut pas lui donner trop de nutriments non plus (c'est une plante de terrains très pauvres), une orgie de nitrates lui brûle les racines.
Donc en ce qui concerne la France, je dirais qu'en Ile de France ou en Limagne, cette plante devrait fonctionner, mais qu'en Bretagne, ce serait un désastre total.
N'est-ce pas paradoxal?
Modifié en dernier par HQE le 18 juin 2008 21:24, modifié 4 fois.
- Domi
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- Enregistré le : 17 déc. 2006 12:13
- Localisation : Toulouse Nord mais jardin dans le Lot (46)
Si je comprends bien sur les Causses calcaires du Quercy, ça pourrait le faire ?? ça me redonne envie....HQE a écrit :
Donc en ce qui concerne la France, je dirais qu'en Ile de France ou en Limagne, cette plante devrait fonctionner, mais qu'en Bretagne, ce serait un désastre total.
N'est-ce pas paradoxal?
Toujours la même histoire, comment trouver la bonne source ???
Domi.
Le Quercy, je pense que ça pourrait effectivement convenir.Domi a écrit :Si je comprends bien sur les Causses calcaires du Quercy, ça pourrait le faire ?? ça me redonne envie....HQE a écrit :
Donc en ce qui concerne la France, je dirais qu'en Ile de France ou en Limagne, cette plante devrait fonctionner, mais qu'en Bretagne, ce serait un désastre total.
N'est-ce pas paradoxal?
Toujours la même histoire, comment trouver la bonne source ???
Domi.
En ce qui concerne la source, le seul moyen d'être sûr à 100%, c'est évidemment d'aller sur place, comme je l'ai fait. Botaniquement parlant, l'Afrique du sud c'est un paradis, un concentré sensationnel d'espèces déroutantes et souvent magnifiques.
Les Cyathea dregei que j'ai fait pousser ne sont pas encore vraiment adultes, ils devraient l'être bientôt cela dit (5 ans? C'est lent, c'est lent! ). J'aimerais d'ailleurs pouvoir utiliser leurs rejetons pour des projets sur Paris.
En attendant, je crois qu'il y a une pépinière allemande qui en fournit, et qui prétend élever ses pieds-mères à l'extérieur. Si c'est vraiment le cas, ce ne peut être que des lignées sud-africaines.
Ce sont les pépinières britanniques qu'il faut proscrire, sauf éventuellement tuyau perso.
Juste pour donner quelques données physiques:
La station météo la plus proche de la vallée où j'avais aperçu des Cyathea dregei en situation extrême donne ceci (juste en dessous du Mont aux sources):
Altitude: 2450 mètres
Température maximale sous abri jamais constatée: 35°C
Température minimale sous abri jamais constatée: -20°C
Nombre de jours de gel (en comptant les nuits): 144
Type de flore: Afro-alpine, pâturages d'altitude
Précipitations totales: 1450 mm
- dont 1290 entre Novembre et Avril (saison chaude)
Nature géologique du sol: Grès jaune
La station météo la plus proche de la vallée où j'avais aperçu des Cyathea dregei en situation extrême donne ceci (juste en dessous du Mont aux sources):
Altitude: 2450 mètres
Température maximale sous abri jamais constatée: 35°C
Température minimale sous abri jamais constatée: -20°C
Nombre de jours de gel (en comptant les nuits): 144
Type de flore: Afro-alpine, pâturages d'altitude
Précipitations totales: 1450 mm
- dont 1290 entre Novembre et Avril (saison chaude)
Nature géologique du sol: Grès jaune
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Pieternaritzburg Botanical Gardens
il a effectivement un departement "nursery plant" au Pieternaritzburg Botanical Gardens ... affaire à suivre pour les globe-trotter !!!!
- Domi
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Oui Manu,manuvericel a écrit :Merci HQE pour ces infos précieuses!
Domi, il faut qu'on se fasse une virée botanique au Lesotho/Drakensberg cet hiver
Cette région a l'air d'être un réservoir de plantes acclimatables dans nos climats de zone 8
MANU
un petit aller-retour sur le WE !
C'est vrai que coté plantes ça doit être hyper intéressant !
A+.