Bonsoir,
Pour ce qui est de la résistance au froid du Syagrus litoralis, je ne peux pas dire grand-chose, nous manquons de recul, cependant (comme bien souvent) l'analyse de documents botaniques anciens se révèle instructive.
J'ai étudié les écrits d'O. Beccari qui a rédigé la première monographie importante des Syagrus (alors appelés Arecastrum) en 1916.
Tout d'abord, il faut bien garder à l'esprit que le Syagrus romanzoffiana à une répartition géographie extrêmement vaste, étendue sur 22 ° de latitude, de 13° de latitude sud à 34 à 35 ° pour les palmiers les plus méridionaux (c'est le même éloignement qu'entre les villes d'Ho Chi Minh et Osaka en Asie dans l'hémisphère nord !). « L'espèce », et on doit considérer ce terme dans sa plus large expression, est très polymorphe.
Le botaniste Barbosa-Rodrigues a fait l'inventaire des différentes formes de Syagrus romanzoffiana : il en a comptabilisé 6 qui portent chacune un nom local différent en Amérique du Sud.
Beccari, appelle la forme typique : Arecastrum romanzoffinaum var. genuinum. Beccari qualifie cette variété d'authentique, car, il s'agit de celle vue par le naturaliste de Chamisso (qui a décrit l'espèce) sur l'île de Santa Catharina (se trouvant dans la province brésilienne du même nom). Son caractère le plus typique : le fruit est globuleux à ovale de 25 mm de long sur 18 à 19 mm de large, bref, il a un aspect presque rond.
Beccari désigne une forme plus méridionale (poussant au Brésil dans l'état de Rio Grande do Sul, en Argentine et en Uruguay) sous le nom de Arecastrum romanzoffinaum var. australe. Il indique que le stipe est plus mince et gracile que chez celui de l'Arecastrum romanzoffinaum var. genuinum. Ses fruits ovales à elliptiques (20 à 22 mm de long sur 12 à 13 mm de haut) sont nettement allongés et rétrécis aux extrémités.
Comme par hasard, les semences du Syagrus litoralis achetées dans le commerce sont nettement plus allongées que certaines graines de Syagrus romanzoffiana récoltés sur la Côte d'Azur, qui sont elles presque ronds comme des billes.
Cf
http://gardenbreizh.org/photos/palmierb ... 14931.html
Dans les planches qui accompagnent l'article de Beccari, il y a les mêmes différences d'apparence, si on compare les graines de l'Arecastrum romanzoffinaum var. genuinum et A. r. var. australe.
A mon humble avis, le Sygrus litoralis, Silver Queen etc.. est quelque chose qui s'approche fort du Syagrus romanzoffinaum var. australe. Après, bien évidement, en fonction de la provenance précise des semences, la rusticité peu varier, mais d'une manière générale, et vu leur répartition géographique plus « autrale », on peu affirmer sans trop se tromper que ces palmiers ont une résistance au froid légèrement meilleure que le S. romanzoffiana typique à graines rondes.
Les botanistes du XXe siècle, vont, dans leur ensemble, « faire disparaître » la variété australe de Beccari, la considérant comme synonyme du Syagrus romanzoffiana. C'est à mon sens dommage car quand on met les graines d'un Syagrus romanzoffiana typique à côté d'un Syagrus litoralis il y a quand même une assez grosse différence. J'en connaît qui ont récemment « créé » de nouvelles espèces de Trachycarpus pour moins que cela !!!!
Le « syagrus du grand sud » est donc morphologiquement différent (au niveau du fruit et de la graine) de ceux qui se trouvent plus au nord. Barbosa-Rodrigues et Beccari l'avaient déjà noté il y a un siècle. Cela suffit-il à en faire une nouvelle espèce ? Peut être pas, mais ce palmier ne mériterait-il pas le rang de sous-espèce ou une variété ???
Il serait assez intéressant de ramasser systématiquement des semences sur de vieux Syagrus sur trouvant sur la côte d'azur pour observer le forme des graines. A la fin du XIXe siècle les horticulteurs de la Riviera, distinguaient dans leur catalogue la var. autrale des autres Syagrus. C'est cette même variété méridionale que Paul Nabonnand a employé pour créer le XButyagrus.
Fred