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Palmiers et ouragans
Posté : 07 sept. 2017 11:57
par vincs
Bonjour, vu l'actualité aux Antilles en dehors des conséquences pour les populations, je me pose des questions concernant le comportement des palmiers et l'intervention humaine suite aux ouragans en général dans les Tropiques. Les stipes sans feuilles sont t-ils tronçonnés, la rapidité de récupération des plantes etc.
Je ne sais pas si le sujet a été abordé, mais je suis toujours surpris de leur résistance à ces phénomènes (on en voit actuellement la limite!), ce qui me conforte aussi dans ma passion.
Re: Palmiers et ouragans
Posté : 07 sept. 2017 12:11
par Archontophoenix
Bonjour,
J'ai pu observer plusieurs cyclones et leurs impacts sur les palmiers.
De manière générale, le palmier a une faible prise au vent (ce n'est qu'une tige avec des feuilles, après-tout) et a en général une grosse masse racinaire sous le sol, ce qui abaisse donc son centre de gravité (un peu comme les poupées-jouets plombés dont j'ai oublié le nom). Ce sont donc globalement des plantes résistantes aux vents.
Après ça, j'ai remarqué plusieurs stratégie lorsque les vents sont trop violents :
- Les palmiers grâciles comme les cocotiers ou les veitchia perdent leurs palmes (voir leurs lances) et diminuent ainsi leurs prise au vent.
- Les palmiers ayant un fourreau protègent leur bourgeons dans ce fourreau, ils perdent donc leurs palmes plus facilement. Néanmoins cette stratégie est à double tranchant, car le fourreau est également une zone de faiblesse qui casse plus facilement, emportant ainsi le bourgeon.
- La morphologie du stipe peut varier, et en général les palmiers habitués aux cyclones ont un tronc obèse à la base (Washingtonia, Hyophorbe), ce qui abaisse encore une fois leur centre de gravité.
- Lorsque le palmier est très haut, le stipe peut éclater dans le sens de la longueur mais sans rompre, afin de libérer les contraines mécaniques (le roseau plie mais ne cède pas). C'est la stratégie que j'ai le plus souvent observé sur les Roytonea.
- Il faut aussi se dire que d'un point de vue mécanique, un palmier n'est qu'une très longue botte de pailles enserrées par une coque externe. Une botte de pailles se plie facilement sans casser.
- Un palmier cespiteux ne sera que très peu résistant aux cyclones, mais la perte d'un ou plusieurs stipe n'a que peu d'importance pour ces palmiers là. Par exemple, ici, les Dypsis lutescens sont parmis les premières plantes à tomber, mais refont des rejets très rapidement.
Hyophorbe lagenicaulis est à mon sens le palmier le plus adapté aux cyclones. Il est très obèse, très court sur patte, possède un fourreau et des palmes renforcées d'une grosse couche de cuticule, mais suffisamment faibles pour céder tout de même en cas de vent extrêmement violents (> 250 kmh). C'est pour moi un modèle d'adaptation au vent dans une zone où le vent souffle au dessus de 60 km/h plus de la moitié de l'année (l'île ronde).
Voilà un petit apperçu (non exhaustif) des stratégies que j'ai pu observer.
Un palmier défolié par un cyclone est dans une de ces trois situations :
- le bourgeon est parfaitement intact : dans ce cas, aucun soucis, il repoussera.
- le bourgeon est blessé : cas le plus fréquent. Le bourgeon va guérir mais les premières palmes à sortir auront une morphologie abérrante. C'est là qu'on peut voir des bizzareries de la nature comme des cocotiers en tire-bouchon ou des palmiers à trois têtes.
- le bourgeon est détruit ou arraché : le palmier est mort, sauf s'il est cespiteux.
Re: Palmiers et ouragans
Posté : 07 sept. 2017 13:12
par Max974
Bonjour,
Pour moi, le palmier le plus résistant aux cyclones est certainement le Dictyosperma album, Hurricane palms.

Re: Palmiers et ouragans
Posté : 07 sept. 2017 14:02
par Archontophoenix
C'est pas la même stratégie, mais oui il est très résistant aussi. Dictyosperma utilise la stratégie "brindille aérodynamique" alors que Hyophorbe utilise la stratégie "centre de gravité bas" (faudra trouver d'autres noms

).
Re: Palmiers et ouragans
Posté : 07 sept. 2017 14:25
par vincs
Merci pour toutes ces infos que j'ignorais, surtout le rôle du "crownshaft" si j'ai bien compris ce que tu appelles le fourreau...sur les images du cyclone c'est souvent la seule chose qui reste sans aucune feuille (espèces de Veitchia peut être..). Sur les Roystoneas, du coup le stipe reste à vie fendu sachant qu'il n'y pas de tissu secondaire comme un arbre... (désolé problème de clavier pas de point interrogation!).
Le Sabal palmetto de Floride ça doit être costaud aussi..non..vous en avez pas à la Réunion!
Re: Palmiers et ouragans
Posté : 07 sept. 2017 14:46
par Archontophoenix
vincs a écrit :Merci pour toutes ces infos que j'ignorais, surtout le rôle du "crownshaft" si j'ai bien compris ce que tu appelles le fourreau...sur les images du cyclone c'est souvent la seule chose qui reste sans aucune feuille (espèces de Veitchia peut être..). Sur les Roystoneas, du coup le stipe reste à vie fendu sachant qu'il n'y pas de tissu secondaire comme un arbre... (désolé problème de clavier pas de point interrogation!).
Le Sabal palmetto de Floride ça doit être costaud aussi..non..vous en avez pas à la Réunion!
Oui le stipe reste fendu à vie.
Si-si on en a à la Réunion, dans les jardins. C'est vrai que ce sont des palmiers assez résistants les sabals, néanmoins leurs bourgeons sont souvent blessés donc on peut voir relativement souvent (par rapport aux autres espèces) des sabals à plusieurs têtes (j'en ai vu un en floride il en avait 6 si je me souviens bien), ces têtes pouvant également se diviser après le cyclone suivant ^^.