Pour ceux qui arrivent en cours de route, je suis en Equateur depuis maintenant 3 mois travaillant sur un projet d'agriculture sociale à Guayaquil et dédiant mon temps libre à l'exploration botanique.
J'ai eu l'opportunité de voir 3 populations de Zamia lindenii, espèce intéressante et relativement commune. Il fallait passer la barre au dessus et partir à la recherche d'une espèce un peu plus rare.
Zamia gentryi se trouve tout au Nord de l'Equateur, très proche de la frontière colombienne. Cette zone est loin d'être la plus fréquentable du pays, c'est une zone "sensible", surtout par rapport au narcotrafic.
Cette espèce a une répartition très limitée, j'ai donc passé beaucoup de temps à regrouper un maximum d'informations possible histoire de ne pas rentrer bredouille.
J'ai eu la chance de rencontrer un fou d'orchidées il y a peu de temps (qui m'a d'ailleurs montré 2 localités de Z. lindenii) et qui m'a proposé les moyens matériels pour mon expédition, à savoir un chauffeur (fou d'orchidées lui aussi), un véhicule et un contact sur place: le chef de la police antinarcotrafic d'Ibarra, lui aussi passionné de plantes.
J'ai sauté sur l'occasion et vendredi matin, à l'aube, nous sommes partis de Cuenca pour rallier Ibarra. Après plus de 12heures de routes sur les routes andines, nous sommes arrivés au poste de police où travaille Stalin, notre passionné de plantes. Nous avons logé gratuitement au poste de police ce qui nous arrangeais plutôt bien.
Quelques vues de la route pour rallier Ibarra:
Avec le volcan Cotopaxi qui par chance, était dégagé de tous nuages
Le samedi matin, nous partons à 5h du matin pour aller à Lita, village le plus proche de la localité de Z. gentryi. Le paysage change, passant de vastes étendues pauvres en végétation et très sèches à des forêts denses et humides. Il est désolant de voir que les gens brûlent la montagne persuadés qu'ils fabriquent des nuages qui vont apporter de la pluie...
Après s'être arrêtés petit déjeuner à Lita, nous repartons sur la route pour enfin arriver à la localité présumée de Z. gentryi.
Nous laissons la voiture et nous enfonçons dans la forêt. La forêt est assez dense et très ombragée. Nous marchons pendant 40 minutes jusqu'au moment ou José trouve la première plante. Facile à voir car arborant un cône femelle (immature)
D'ailleurs il ne semble pas autant impressionné que moi par la plante!!
J'étais très content, cela voulait dire que je ne m'étais pas trompé sur le lieu, ce qui est déjà pas mal.
Après avoir vu la première plante, il est plus facile de savoir comment chercher les plantes. Elles sont difficilement visibles, sauf celles qui flushent évidement, puisque les feuilles émergentes sont de couleur cuivrée.
L'IUCN Red List indique que seules 10 plantes ont été rencontrées à la dernière visite du site. En 4 heures, nous en avons vu plus de 40, donc je suppose que la personne n'a pas du très bien chercher. Il est d'ailleurs fort probable qu'il y en ai beaucoup plus vu la difficulté à les voir et à se déplacer dans cette forêt.
Cependant, très peu de plantes femelles matures portant des cônes (2). Pour les mâles, impossible à savoir dans la mesure ou les cônes émergent en décembre et vu l'humidité et les températures, ils doivent se dégrader très rapidement.
Les feuilles sont très grandes, et mesurent jusqu'à 2m50, vraiment des plantes superbes. Elles ne portent en moyenne que 3 feuilles, les spécimens les plus vieux en portant 6.
Pour moi, ces plantes sont vraiment plus belles à l'ombre qu'au soleil.
Semis:
En sortant de la forêt, petite rencontre sympathique, Kinosternon je suppose, pour l'espèce je ne sais pas, leucostomum?, surtout que la bestiole s'est fermée avant que j'ai pu voir les autres parties du corp!
Vu qu'il reste du temps, nous nous mettons en route pour aller voir une autre espèce, très proche de Z. gentryi: Zamia roezlii. Cette espèce pousse principalement en Colombie mais se trouve un peu en Equateur. La différence entre les plantes juvéniles des deux espèces n'est pas aisée, la différence principale réside dans la profondeur des rainures des feuilles.
Pour les plantes adultes c'est différent, Z. gentryi forme un tronc toujours couché et court alors que Z. roezlii forme un tronc allant jusqu'à 7 mètres.
Pour les plantes fertiles, les mâles roezlii ont des strobili blancs et les gentryi rouge. Les femelles roezlii ont des cônes beaucoup plus imposant que gentryi.
Nous avons seulement rencontré deux plantes juvéniles isolées mais ne sommes pas non plus trop descendus des montagne ni aventurés loin dans les terres.
La différence des rainures peut se voir sur les photos:
Et quelques autres plantes poussant dans le coin:
Heliconia sp.
Geonoma sp. (avis aux experts pour l'ID)
Voilà, c'est tout pour le moment!
Si vous voulez un supplément sur la deuxième partie à la recherche d'orchidées du genre Dracula, y'a qu'à demander!
Simon
