le post sur l'Eurovision m'ayant donné des idées, je propose d'ouvrir un post sur les perles musicales du passé qui ont pu bercé la jeunesse de certains d'entre nous. A l'époque, il existait des objets merveilleux, sortes de disques en vinyle noir à microsillons qui, posés sur une platine d'électrophone, nous faisait découvrir de petites pépites de musique populaire, j'ai nommé le 45 Tours et son aîné, le 33 Tours.
Si ce jeu de piste de la (re)découverte des souvenirs musicaux vous intéresse, faîtes-nous le partager avec, de préférence, une seule référence à chacune de vos interventions pour que l'on puisse prendre le temps d'apprécier la pépite. De plus, la musique ayant cette particularité, cela vous rappellera certainement un moment précis de votre vie que vous aurez peut-être envie de nous raconter ...
Bon, je me lance : au début des années 80, Julien Lepers (vous savez, "Question pour un champion" mais aussi le compositeur de "Pour le plaisir" d'Herbert Léonard) animait sur RTL une émission en fin d'après-midi qui s'appelait "Challenger". Il s'agissait en fait d'opposer une chanson de l'époque à une chanson du passé et ce sont les auditeurs qui décidaient du vainqueur en fonction du nombre d'appels à la radio. Un jour, Julien Lepers propose un chanson de 1969 d'un groupe au nom imprononçable. Dès l'écoute de ce morceau, je reste tétanisé par le son hors du commun, l'atmosphère sombre et mélancolique et la mélodie d'une tristesse absolue, sorte de complainte, d'appel au secours tragique

Durant l'été 1988, un de mes meilleurs amis revient d'un séjour en Guyane. Il me raconte son périple, ses nuits dans la jungle avec son guide et les joies de la faune locale (serpents et autres fauves ...). Il me raconte alors que le guide, qui est un vieux baroudeur, avait l'habitude tous les soirs, dans sa case au milieu de la jungle, de passer de nombreux albums d'artistes et de groupes anglo-saxons sur sa vieille chaîne stéréo. Selon mon ami, l'ambiance obtenue par l'écoute de ces musiques au milieu de la jungle et dans le noir, revêtait une dimension presque mystique ...
Il décide alors d'acheter sur place, en Guyanne, les principales références de ces albums 33 Tours et de les rapporter en métropole. Je sens que vous commencez à percevoir la suite ... Il me prête bien évidement ces disques et je décide de les écouter un soir, au casque (rien de mieux que la musique au casque, dans le noir). J'écoute un disque, puis un deuxième. Arrive ensuite le troisième disque avec une pochette rouge et bleue hallucinante et effrayante : un homme au visage comme dilaté semble pousser un cri d'effroi ! Je suis très curieux de découvrir quel groupe et quelle musique étranges se cachent derrière cette pochette : le 1er titre de l'album est une sorte de pièces de hard-rock au son de guitare saturé ; le 2ème est une douce ballade qui vous transporte ; le 3ème morceau est d'une beauté et d'une tristesse à couper le souffle ; le 4ème est une sorte de pièce de musique contemporaine déroutante .... Arrive alors le 5ème et dernier titre de l'album. A peine ai-je entendu la descente de batterie qu'une émotion immense me submerge. C'est lui, c'est bien lui ! Ce son synthétique incroyable, cette mélodie dont je suis aujourd'hui persuadé qu'elle a fortement inspiré Michel Polnareff pour écrire le sublime "Lettre à France", cette complainte déchirante : plusieurs années après, j'avais retrouvé "LE MORCEAU" de Challenger ! Alors, quoi que vous en pensiez, je dis merci à Julien Lepers et vous invite à écouter cela sauf si votre petite amie vient de vous quitter

Cet album est considéré aujourd'hui comme un des très grands albums de l'histoire du rock et est très certainement à l'origine de ce qu'on appelera plus tard le rock progressif (Genesis, Yes, ELP voire Pink Floyd).
Crimson44